Jeunes fumeurs de narguilé, lors d’un festival en 2009 au Seattle Center (États-Unis).

Le nombre de fumeurs de narguilé est estimé par l’OMS à 100 millions dans le monde, principalement en Afrique, en Asie et dans le Moyen-Orient. Le narguilé commence à être connu en Europe et aux États-Unis à partir du début des années 1980 du fait d’immigrants venus de pays où le narguilé est une pratique ancrée socialement et culturellement4.

En France, son usage se répand chez les jeunes, selon les enquêtes près de la moitié des élèves de 16 ans ont déjà fumé la chicha au moins une fois, et 20 % des lycéens de 18 ans en usent au moins une fois par mois. En 2018, chez les jeunes en apprentissage, 9,4 % déclarent fumer la chicha, 4,1 % de façon exclusive.

Les raisons de cet engouement sont multiples :

  • Effets de la mondialisation, du tourisme et des migrations ;
  • Croyance que la chicha est moins addictive et toxique que la cigarette ;
  • Convivialité autour d’un bel objet d’expérience sensorielle (atmosphère sucrée et parfumée).

Santé

Les effets de la consommation de la Chicha sur la santé sont mal connus. Le fait que la fumée soit dans une certaine mesure comparable à celle de la cigarette tend à inciter à la prudence.

Composition et volume de la fumée

Fumée de narguilé

La fumée de narguilé contient de nombreux toxiques connus pour favoriser entre autres le cancer du poumon et des maladies cardiovasculaires. Elle contient également de la nicotine qui est potentiellement addictive12.

Une séance de narguilé expose généralement les fumeurs à une quantité de fumée plus grande que pour les fumeurs de cigarette : en effet, un fumeur consomme généralement une cigarette en 5 à 7 minutes, inhalant un volume de fumée compris entre 0,5 et 0,6 litre de fumée ; en comparaison, un fumeur de narguilé fume pendant 20 à 80 minutes et inhale entre 50 et 200 bouffées de 0,05 à 0,25 litre chacune. Une séance de narguilé expose donc le fumeur à un volume de fumée correspondant à plus de 100 cigarettes par session.

Ceci les expose à une quantité de produits chimiques cancérogènes et de gaz dangereux (tels le monoxyde de carbone) élevée ainsi qu’un quantité importante de nicotine pouvant provoquer une dépendance.

Selon une étude, une séance de 45 minutes délivre environ 20 fois plus de goudron, 2 fois plus de monoxyde de carbone, et 3 fois plus de nicotine qu’une cigarette. La nature du goudron est toutefois différente en raison d’une température de combustion plus basse. Selon une autre étude « si 30 à 50 bouffées sont prises dans la même soirée par chicha, cela signifie que le consommateur prend autant de fumée qu’avec 40 cigarettes. Des mesures montrent que l’augmentation du monoxyde de carbone expiré à la fin d’une chicha est équivalente à celle observée lors de la consommation de 30 à 40 cigarettes. »

Certains fabricants proposent des mélanges à base de plantes sans tabac ou encore des pierres aromatisées, censés limiter les effets néfastes du narguilé sur la santé. Ces produits restent probablement nocifs, dès lors qu’il y a combustion et donc production de monoxyde de carbone.

Effets

D’après plusieurs études, une partie des fumeurs de narguilé présentent des signes de dépendance, qui seraient cependant moindres qu’avec la cigarette.

D’après des études cliniques de type cas-témoins, l’utilisation de narguilé exposerait à un risque potentiel de cancer du poumon, de stérilité, de maladie coronarienne, de complications après extraction dentaire. D’après des études rétrospectives, il pourrait exister un risque de cancer de l’estomac et de gastrite11.

La consommation de narguilé pendant la grossesse conduit par ailleurs à des bébés présentant un poids plus petit à la naissance.

Au niveau respiratoire, les fumeurs de narguilé peuvent présenter des symptômes relevant de la gêne respiratoire et de la bronchite chronique.

Le passage du tuyau d’une bouche à l’autre peut également favoriser la transmission de maladies contagieuses, comme l’herpès, la tuberculose, l’hépatite ou encore la COVID-1917. L’usage d’un embout individuel jetable permet de réduire ces risques sans toutefois les éliminer.

En atmosphère confinée (bar à chicha), il existe un risque environnemental lié à des taux élevés de monoxyde de carbone de 25 à 75 ppm. Des cas d’intoxication chez le personnel de ces bars ont été rapportés. En France, depuis le 1er janvier 2007, l’interdiction de fumer dans des lieux fermés accueillant du public s’applique à la chicha.

L’usage de la chicha serait une porte d’entrée vers le tabagisme. Une méta-analyse Cochrane conclut à l’utilité d’une prise en charge comportementale associée aux mêmes traitements que le sevrage tabagique. Les fumeurs de chicha peuvent bénéficier de services d’aide ou de consultations de tabacologie.

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